Dans un après-midi chaud et ensoleillé du juillet, un hangar à champignons de 6 mètres carrés dans la région près de Bangui, capitale de la République centrafricaine reste sombre et frais. A l’intérieur du hangar se trouvent deux plates-bandes de 2 mètres de long et 1 mètre de large, parsemées de dizaines de grappes de pleurotes qui viennent de pousser. Fatime Abba Rekya, 40 ans, est accroupie sur la crête du sol, tripotant de ses mains les chapeaux gris-blanc de champignons. Sur son visage, le bonheur de la récolte.
Plantation de Juncao en banlieue de Bangui, capitale de la République centrafricaine, le 1er juin. [Photo/Xinhua]
Fatima est l’un des nombreuses bénéficiaires du projet de formation sur la technologie Juncao en Afrique.
Entrepris par le Centre National de Recherche de la Technologie de Juncao et l’entreprise Fujian Zhengyuan Juncao International Cooperation Co., Ltd. le projet d’assistance technologique Juncao a non seulement fourni une nouvelle source d’alimentation aux Centrafricains, mais a également partagé la technologie agricole, favorisé l’emploi local et réduit la pauvreté des locaux.
Perturbée par des années de conflits, la République centrafricaine connaît un taux de chômage élevé et un grand nombre de personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Selon les dernières données du Programme alimentaire mondial, environ la moitié de la population du pays se trouvent en situation d’insécurité alimentaire grave.
En 1986, le professeur Lin Zhanxi a inventé une technologie baptisée « Juncao », qui permet de transformer les feuilles d’une plante herbacée en gaz domestique, de faire pousser des champignons en une semaine et d'obtenir du bois dur à partir d’une fragile tige de roseau. Aujourd’hui, le Juncao, qui est aussi le nom de la plante, possède un énorme potentiel pour le développement durable, notamment dans la réduction de la pauvreté, la lutte contre la désertification, l’élevage et la production d’électricité. En 2017, cette « invention chinoise » a été répertoriée comme un projet de promotion clé de la collaboration entre la Chine et le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la paix et le développement (UNPDF). Le Juncao est planté dans plus de 100 pays.
Un expert chinois cultive des champignons avec les agriculteurs locaux à Bangui, en République centrafricaine, le 1er juin. [Photo/Xinhua]
En mai 2021, des experts du projet technologique Juncao se sont rendus en République centrafricaine pour établir une ligne de production de champignons comestibles, une base de sélection de semis Juncao, et partager la technologie Juncao avec les agriculteurs locaux via la formation et la démonstration.
L’équipe d’experts chinois collabore avec le personnel de l’Institut centrafricain de la recherche agronomique. Irène Dombeti se considère comme l’une des rares chanceuses à avoir une connaissance de la culture durable et technique des champignons. Cette technicienne de l’Institut centrafricain de la recherche agronomique s’est rendue en Chine pour une formation sur la technologie des champignons comestibles et médicinaux pendant un mois et deux semaines.
Chen Kehua, responsable du projet, a déclaré que l’équipe chinoise a organisé 16 cours de formation sur la technologie Juncao, formant 613 apprentis, et a fait participer cinq coopératives à la culture de champignons et quatre coopératives à l’élevage de bétail et de volaille avec l’herbe Juncao.
Un expert chinois cultive des champignons avec les agriculteurs locaux à Bangui, en République centrafricaine, le 1er juin. [Photo/Xinhua]
Avec le soutien d’experts chinois, Fatima a utilisé la technologie Juncao pour cultiver des champignons et a commencé à les vendre. Son hangar à champignons peut récolter 3 à 5 kilogrammes de pleurotes par jour, et grâce à la promotion sur les réseaux sociaux, ses champignons Juncao sont devenus très recherchés localement.
« Dans notre pays, nous aimons les champignons, mais on ne sait pas les planter. Grâce au projet de Juncao, on sait comment cultiver les champignons pour manger, on souhaite que cette technologie se propage dans tout le pays. Je dis que c’est un business d’espoir parce qu’il y a des restaurants et des hôtels ici qui nous commande des champignons, » a dit Fatima.
S’appuyant sur ses collègues, elle a fondé une entreprise et forme régulièrement des femmes locales à la culture des champignons.
Une expert examinant la bouteille de mycélium dans un laboratoire à Bangui, en République centrafricaine, le 1er juin. [Photo/Xinhua]
« Davantage de personnes viennent se renseigner sur la formation de Juncao, et je suis occupée à travailler sur un programme pour créer des emplois pour les femmes et les jeunes », a déclaré Fatima.
Lorsque les Chinois ont introduit la technologie Juncao dans ce pays d’Afrique centrale, Jean-Christian Ngakoutou-Patasse, président de l’ONG internationale Centrolive, a rapidement établi un partenariat avec eux. « Nous avons construit la champignonnière et les techniciens de Juncao nous ont apporté le mycélium qui nous a permis de développer cette technologie », a-t-il évoqué. Grâce à ce partenariat, une centaine de personnes ont été formées à la culture des champignons. Il a ajouté que son pays a souffert de la guerre pendant de nombreuses années et que de nombreux jeunes n’ont pas d’emplois stables. La technologie Juncao a contribué à la création d’emplois.
Fatima à côté de l’affichage du projet d’aide de la technologie Juncao de la Chine en République centrafricaine le 31 mai. [Photo/Xinhua]
L’école technique professionnelle Don Bosco en banlieu de Bangui enseigne des technologies dans les domaines de l’agriculture, de la réparation automobile et de la couture. L’équipe du projet chinois a organisé 6 sessions de formation technique Juncao à l’école.
« J’ai suivi des cours théoriques sur Juncao et des cours opérationnels. Ce projet est très bon. Après avoir obtenu mon diplôme, je cultiverai aussi des champignons Juncao, » a déclaré Iwano, un apprenti en agriculture.
La technologie Juncao permet non seulement de cultiver des champignons comestibles et médicinaux mais aussi élever de la volaille et du bétail. Au total, 100 ménages ont utilisé l’herbe Juncao à l’élevage de bétail et de volaille. La responsable d’une coopérative agricole a déclaré que sa ferme comptait 64 porcs et 23 moutons. « Les porcs et les moutons aiment manger du fourrage produit par la plantation de l’herbe Juncao. Ils grandissent bien. Maintenant, je prévois de cultiver les champignons juncao moi-même. »
Fatima examinant les sacs de mycélium à la périphérie de Bangui, en République centrafricaine, le 31 mai. [Photo/Xinhua]
Afin de mieux promouvoir la technologie Juncao, l’équipe chinoise est en train de construire un atelier de production de 854 mètres carrés.
« Nous continuerons de populariser cette technologie, de former davantage de locaux, de domestiquer des champignons comestibles et médicinaux sauvages locaux afin d’atténuer la pénurie alimentaire en République centrafricaine, » a dit M. Chen.
La champignonnière de l’ONG internationale Centrolive, le 31 mai. [Photo/Xinhua]
Fatima examinant ses pleurotes au sein de sa championnière à Bangui le 31 mai. [Photo/Xinhua]